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Interview : Adam Lambert, showman avant tout

Adam Lambert remet le glam-rock en avant et se taille une célébrité à la hauteur de sa voix. Le chanteur de 28 ans vient de boucler sa première tournée mondiale, passée par le Trabendo à Paris le 18 novembre. Au milieu de quelques jours de visite dans la capitale, il a répondu à nos questions. Souriant, passionné, inspiré, Adam est un personnage entier. Entretien.

Adam, te revoilà en France après une tournée marathon. Tu tiens le coup ? 
J’essaie ! On a fait plus de 112 dates sur cette tournée ! C’était génial ! Je ne savais pas du tout comment j’allais m’en sortir et surtout si je finirais en un seul morceau (rires) ! Mais tout s’est bien passé. Je n’ai pas eu à annuler un seul show, je n’ai pas perdu ma voix. J’ai enfin pu rencontrer mes fans dans le monde entier. Ce qui est drôle, c’est qu’avant de me présenter àAmerican Idol, je pensais venir m’installer en Europe et tenter de faire carrière ici car je me disais que je serais peut-être plus facilement accepté… Mais finalement les choses ont tourné en ma faveur aux Etats-Unis…

Tu as vu des différences en rencontrant ton public en Europe ? 
Une chose qui m’a frappé c’est que les fans sont plus jeunes en général. J’ai aussi vu plus de gays… Je me suis beaucoup amusé dans tous les cas et ai passé des moments inoubliables. Au Trabendo, c’était super, on y a pris vraiment beaucoup de plaisir. La salle était petite et intimiste donc j’ai quasiment pu regarder tous les fans droit dans les yeux. On a tout fait sur cette tournée, passant des grandes salles aux toutes petites et c’est un défi de faire fonctionner le spectacle dans ces extrêmes. J’ai appris énormément. 

Quand tu regardes le Adam d’il y a un an et celui d’aujourd’hui, vois-tu la même personne ? 
Oui, complètement. Il est toujours le même mais en beaucoup plus fatigué ! Je n’avais jamais eu à assumer un rythme de travail et de vie pareil. Évidemment avec le théâtre, les comédies musicales, c’était huit représentations par semaine mais j’avais trois heures de spectacle et c’était terminé. Maintenant c’est non stop, 24h sur 24. Mais je ne m’en plains pas, je sais que ça vaut le coup. Je vis mon rêve. Je peux enfin partager ma musique et mes idées avec les gens. Et puis d’un côté plus matérialiste, je peux acheter une maison maintenant ! Avant je n’avais pas d’argent du tout… Ce n’est pas le plus important pour moi : la musique, être un artiste et s’exprimer, ça c’est le plus important. Mais j’apprécie aussi d’avoir un peu de sécurité. 

Sur ton album, tu as laissé parler toutes tes sensibilités. Quand on peut être une rockstar autant qu’une popstar, est-ce difficile à faire accepter ? 
C’est ce qui est étrange… On n’arrête pas de me demander d’expliquer mon style, d’expliquer le style de l’album… Et voilà justement : je n’ai pas besoin de le définir. C’est tout à la fois ! Et pour moi ça colle parfaitement à l’époque, la musique devrait être comme ça avec un petit peu de tout. Que les gens qui vont m’écouter puissent trouver quelque chose qui leur plaît, dans un style qui me convient et leur convient. 

Des artistes prestigieux t’ont donné des titres, comme Pink, Muse ouLady GaGa. As-tu vécu ça comme une reconnaissance ? Idem pour la comparaison avec Freddy Mercury…
Cela voulait dire beaucoup pour moi, vraiment. Et puis, ça a aussi montré à ceux qui font cette industrie du disque que je pouvais être pris au sérieux. Me comparer à Freddy, c’est un super compliment ! Un honneur même, tant j’ai été influencé par lui. C’était sans doute aussi un peu de pression en plus… J’ai bien senti les attentes des gens… 

Aux Etats-Unis, ta vie privée est devenue du pain béni pour les médias … Comment vis-tu cette intrusion ? 
Ça fait partie du job, il faut faire avec… Et s’il y a bien quelque chose que j’ai retenu depuis que ce tourbillon a commencé, c’est que j’ai besoin de garder certaines parties de ma vie privée vraiment privées, sinon il ne me reste plus rien à quoi me raccrocher. Même si dans l’absolu j’ai toujours été comme un livre ouvert et que la plupart des gens savent déjà le principal ! 

Tu ne voulais pas être la référence de la star ouvertement gay…
Oui, mais finalement je suis déjà devenu cet"openly gay singer" comme ils disent… Je ne l’ai pas choisi, ça c’est fait tout seul. Je voulais simplement chanter, pas forcément représenter toute une communauté. Mais en même temps, je suis très à l’aise par rapport à tout ça, je ne me sens jamais dans l’obligation de m’excuser ou de me justifier. Je n’ai pas à le faire. Et je trouve génial que des jeunes gens soient inspirés par mon parcours et que ça leur donne du courage en voyant que je ne baisse pas la tête et que je ne me cache pas. Donc oui j’espère que ça les aide, mais ce n’est pas vraiment mon principal but. Mon but à moi, c’est de divertir les gens, d’être un showman. 

Tu adores la provoc’ et repousser parfois les limites de ce que les gens sont habitués à voir…
Totalement ! Et tu sais pourquoi ? Parce que je trouve ça hilarant ! Et à chaque fois il y a des gens pour prendre ça tellement au sérieux, bon sang… C’est un peu kitsch mais c’est ça la pop ! On est là pour passer un bon moment, et être subversif fait aussi partie du divertissement. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans ce business mais je me dis qu’on a perdu quelque chose en route et que certains devraient juste se détendre un peu… Tout ce que je fais, c’est toujours avec un sourire et un clin d’œil et la plupart du temps les fans me comprennent alors… 

Il y a le Adam Lambert provocateur et sexy de Fever ou For your Entertainment, mais il y a aussi celui plus fragile deSoaked, Sleepwalker ou Aftermath… Quel visage est le bon ? 
Les deux (rires) ! Tout ça c’est moi. Je pense qu’en ce moment les artistes arrivent et disparaissent aussi vite parce qu’à chaque fois que tu écoutes leur premier album, tu as l’impression d’entendre toujours la même chose… Je ne voulais pas finir comme ça, je ne voulais pas être l’histoire d’un seul tube. Et c’est bien une des choses dont je suis fier avec mon album, c’est qu’il montre beaucoup d’aspects de ma personnalité : le côté hyper sensible, le côté sexuel, le côté un peu clown et aussi le révolté… Je suis un être humain, je ressens plein de choses alors autant les faire sortir. 

Tu gardes un contact très fort avec tes fans, notamment sur Twitter. As-tu besoin de leurs retours, de ce lien ? 
Je reçois pas mal de retour sur ce que je fais, c’est vrai et j’aime bien ça. Mais j’essaie surtout de lire ce qu’ils ont à me dire de manière générale. Je pense que Twitter est devenu un moyen de communiquer directement avec mes fans. C’est une manière de leur dire "Ok là, ça vient de moi et pas d’un communiqué de presse". C’est plus authentique. Il y a eu un moment où j’ai quand même été un peu perturbé par ça, c’est vrai… Mais je crois que j’ai trouvé la bonne façon de m’y prendre et aussi les moments où j’ai le droit de m’éclipser. Parfois c’est dur, tu as enfin un jour de repos, tu te promènes dans les rues et soudain quelqu’un te reconnaît. En général, j’adore ça, car ça me fait plaisir qu’ils me disent qu’ils aiment ce que je fais. Maintenant ça peut aussi tourner à la prise de photos, à signer des tonnes de trucs ou alors tu te rends compte qu’en fait certains veulent juste changer leur photo de profil Facebook avec ma tête dessus (rires). Ça n’a plus rien à voir avec ma musique. Pour moi tout ça reste encore super bizarre. Mais ça ne me met pas en colère du tout et 9 personnes sur 10 que je rencontre sont fantastiques. 

J’ai une anecdote pour toi. Sais-tu que certains en Europe te connaissent depuis longtemps pour une raison qui n’a rien à voir avec la musique ? Lors d’American Idol, on t’a demandé qui était ton inspiration pour ta coupe de cheveux de l’époque…
Oh mon dieu (il explose de rire) ! Bill Kaulitz ! Evidemment, je me souviens ! 

Te doutais-tu des réactions que ça allait susciter ? 
C’est marrant, franchement. Le mec a un super style, il est très joli. Voilà c’est tout et certains fans de Tokio Hotel ont été tellement en colère contre moi. Incroyable. Et puis ça a tourné à la guerre entre mes fans et les leurs, avec "Adam copie Bill ! Non, c’est Bill qui copie Adam !". Mais personne ne copie ! On a juste des goûts similaires : on adore tous les deux le noir, le style un peu rock, la mode… Il y a des tonnes de gens qui s’habillent comme nous, seulement ils ne sont pas tous musiciens et célèbres… Et puis il préfère les filles non ? Honnêtement, je suis de ceux qui pensent qu’il faut respecter la façon dont les gens s’identifient. S’il dit qu’il aime les filles, alors c’est comme ça. Je trouve juste qu’il a l’air d’être quelqu’un de super intéressant, c’est tout… Après cette histoire a pris des proportions hallucinantes. On n’est quand même pas les deux seuls types à mettre du mascara… Et quelque part, c’est oublier notre passé, car dans les années 70 et 80 il y avait beaucoup d’adeptes du glam rock, de l’androgynie… Maintenant les hommes ne prennent plus de risques… Bill et moi, ce qu’on a le plus en commun c’est l’eyeliner… Nos voix sont complètement différentes, notre musique est complètement différente et on ne se ressemble pas. 

Tu prépares déjà ton deuxième album et tu vas aussi sortir dans les prochains jours un mini CD acoustique de quelques titres…
Oui, j’ai déjà quelques idées pour le prochain album, mais je n’ai pas commencé à vraiment les travailler. Je veux d’abord faire une pause et recharger les batteries. Mais j’adore sentir que les gens sont en demande de mes prochains projets, c’est très motivant. Je pense quand même que par moment il faut savoir se retirer un peu de la lumière. Ton retour n’en devient que plus fort de toute manière. Mais je ne m’en irai pas trop longtemps, pas d’inquiétude ! Je veux juste vraiment passer plus de temps sur cet album que sur le premier qu’on a dû faire en à peine trois mois. Finalement, on s’en est très bien sorti mais cette fois j’ai besoin de me poser un peu. Et puis pour le prochain album, la date de sortie sera la même pour tous les pays, cette fois ! Alors préparez-vous à me voir revenir en Europe rapidement ! 

Propos recueillis par Carole Bouchard
Crédits photos : 1, 2, 4 & 5, Warwick Saint / 3, Lila Rose 

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